2032 : préparez-vous, l’IA va prendre le pouvoir et chasser la corruption – vous n’en reviendrez pas !***
Un gouvernement impartial piloté par l’intelligence artificielle ?
Dans son ouvrage AICracy Beyond Democracy, l’expert en intelligence artificielle Eli Lopian avance une idée provocante : confier des pans entiers du processus législatif et budgétaire à des algorithmes. Selon lui, l’IA pourrait rendre des décisions plus justes, écarter les privilégies politiques et garantir une gestion plus transparente des deniers publics. Si l’homme de loi s’appuie sur des arguments de rationalité et d’efficacité, la perspective d’un exécutif en partie automatisé d’ici 2032 suscite autant d’enthousiasme que d’interrogations.
Les atouts d’une instance décisionnelle assistée par l’IA
Lopian identifie plusieurs forces potentielles de l’IA en gouvernance :
- Impartialité algorithmique : l’IA, débarrassée de l’ambition politicienne, n’est pas influencée par la popularité ou la recherche de votes.
- Analyse massive de données : elle peut croiser en temps réel indicateurs socio-économiques, enquêtes d’opinion et modélisations d’impact pour éclairer chaque texte de loi.
- Optimisation budgétaire : des algorithmes pourraient répartir les crédits publics en minimisant les inégalités régionales ou sectorielles, avec une plus grande équité.
- Vérification automatisée : l’IA peut détecter incohérences, doublons ou failles juridiques dans les projets de loi avant leur adoption.
En théorie, ces avantages permettraient de limiter la corruption, les conflits d’intérêts et les jeux de pouvoir qui minent souvent la fonction publique.
Comment l’IA interviendrait concrètement ?
Plusieurs scénarios sont envisagés pour intégrer l’IA dans l’appareil d’État :
- Assistant législatif : un module IA propose des amendements, simule les effets d’un vote et alerte sur les solutions alternatives.
- Gestionnaire budgétaire : un algorithme planifie les dépenses en fonction des priorités de santé, d’éducation et d’infrastructures.
- Contrôleur de conformité : avant promulgation, le système assure la compatibilité des lois avec la Constitution et les traités internationaux.
- Plate-forme citoyenne : les administrés peuvent soumettre des idées et recevoir en retour des simulations de coût, de temps et d’impact.
Ces outils ne visent pas à remplacer les élus, mais à les assister dans des tâches trop volumineuses ou techniques pour une prise de décision humaine optimale.
Les limites et défis éthiques
Pourtant, plusieurs obstacles et risques planent sur ce projet :
- Biais de conception : l’IA ne naît pas neutre ; les données d’entraînement reflètent souvent des préjugés existants, reproduisant inégalités et discriminations.
- Transparence limitée : la « boîte noire » des algorithmes rend difficile la compréhension des critères exacts ayant conduit à une décision.
- Responsabilité floue : en cas d’erreur judiciaire ou d’impact social négatif, désigner un responsable entre l’IA, son concepteur ou l’autorité politique pose question.
- Vulnérabilité aux cyberattaques : pirater un système gouvernemental automatisé pourrait compromettre la stabilité d’un pays.
Lopian admet ces risques tout en soulignant que des cadres juridiques et des revues publiques pourraient limiter les dérives.
Peut-on vraiment se passer du politicien ?
Les chefs d’État et parlementaires présents dans l’étude reconnaissent l’intérêt d’un appui IA pour améliorer la rigueur des débats et la qualité des textes de loi. Toutefois, ils rappellent que la politique reste aussi un art du compromis et de la représentation, un lien affectif et démocratique entre l’élu et le citoyen. Sur le terrain :
- Le recul démocratique inquiète : déléguer trop de pouvoirs à un algorithme pourrait éroder la souveraineté populaire.
- Le facteur humain demeure crucial : empathie, compréhension des enjeux locaux et sens du collectif ne s’impriment pas dans une ligne de code.
- Forte résistance culturelle : la confiance dans la technologie varie selon les pays, avec de grandes disparités.
Plutôt que d’envisager un remplacement total, l’hypothèse la plus réaliste consiste à multiplier les outils d’aide à la décision, tout en maintenant un pilotage politique responsable.
Calendrier et déclencheurs technologiques
Eli Lopian estime qu’un premier déploiement à petite échelle pourrait être expérimenté dans certains ministères ou agences avant 2030, puis élargi à des services publics clés dès 2032. Plusieurs facteurs sont déterminants :
- Capacité de calcul : l’avènement des puces neuromorphiques et des architectures quantiques pourrait accélérer la mise en œuvre.
- Normes et réglementations : l’Union européenne travaille déjà sur un cadre « IA réglementée » pour garantir la sécurité et l’éthique.
- Acceptation sociale : l’expérience de plateformes « smart city » et de ministères virtuels permettra de mesurer la confiance citoyenne.
- Formation des élites politiques : l’apprentissage des outils IA dans les écoles de sciences politiques conditionnera la montée en puissance.
Si ces prérequis sont remplis, la vision d’un gouvernement « augmenté » par l’IA pourrait devenir une réalité avant la fin de la décennie.