49,5 % et un coup d’État militaire avorté : comment Lee Jae-Myung a pris le pouvoir en Corée du Sud !
Une élection sous haute tension
Le 3 juin 2025, la République de Corée s’est engagée dans une phase politique inédite : à l’issue du scrutin présidentiel, Lee Jae-Myung, figure du centre-gauche et chef du Parti démocrate, l’a emporté avec 49,5 % des voix, contre 41,5 % pour le conservateur Kim Moon-Soo. Ces résultats, validés après le décompte de plus de 98 % des bulletins par la Commission électorale nationale de Séoul, marquent la fin d’un chapitre tumultueux ponctué par la destitution du précédent président, Yoon Suk-Yeol, forcé de quitter son poste après une tentative controversée d’instauration de l’état d’urgence militaire en décembre dernier.
Le contexte d’une transition rapide
Traditionnellement, le mandat présidentiel sud-coréen débutait quelques semaines après la proclamation des résultats, laissant le temps à la passation des pouvoirs. Cette fois, la suppression du délai de transition a été l’un des effets collatéraux du départ prématuré de Yoon Suk-Yeol, mis en accusation et arrêté pour avoir outrepassé ses pouvoirs. Lee Jae-Myung devrait prêter serment dès le 4 juin, préfigurant une entrée en fonction immédiate.
Un Parlement acquis à sa majorité
Le Parti démocrate, que Lee représente, dispose d’une majorité confortable à l’Assemblée nationale, la seule chambre du Parlement sud-coréen. Cette configuration politique lui offrira une capacité d’action quasi illimitée pour présenter et faire adopter ses projets de loi sans crainte de blocage par l’opposition.
Un programme axé sur la paix et la prospérité
Au cœur du projet de Lee Jae-Myung figurent trois priorités :
- Réconciliation avec la Corée du Nord : relancer le dialogue intercoréen en recourant à des mécanismes diplomatiques et économiques, afin d’établir une « paix durable » sans recourir à la force.
- Relance économique : renforcer le tissu des petites et moyennes entreprises, promouvoir l’innovation technologique et relancer la consommation intérieure pour redynamiser une économie marquée par un ralentissement post-pandémique.
- Consolidation démocratique : prévenir tout risque de dérive autoritaire en renforçant l’indépendance de la justice et en assurant un contrôle citoyen plus strict des institutions.
Réactions politiques et sociales
Dans la salle des sessions à Séoul où se tenait le décompte, l’annonce de la victoire de Lee a été accueillie par des applaudissements et des cris de joie. Park Chan-dae, chef de file parlementaire des démocrates, a souligné « le jugement sans appel » du peuple face à un régime ayant tenté « l’insurrection » via l’état d’urgence. Dans les rangs conservateurs, la division entre le Parti Kekuatan Rakyat et le Parti de la Réforme, dont le candidat Lee Jun-Seok a recueilli 7,7 % des voix, a exacerbé la fragmentation de l’électorat de droite.
Un symbole fort pour la région Asie-Pacifique
La Corée du Sud, puissance économique et technologique en Asie, est toujours confrontée à la menace nucléaire nord-coréenne. L’élection d’un dirigeant désireux de privilégier le dialogue marque un signal encourageant pour les pays voisins et les États-Unis, allié traditionnel, qui soutient une dénucléarisation progressive de la péninsule.
Les défis immédiats de Lee Jae-Myung
- Stabilité sociale : apaiser les tensions provoquées par l’arrestation de son prédécesseur et la crise institutionnelle récente.
- Croissance économique : maîtriser l’inflation, attirer les investissements étrangers et accompagner la transition énergétique vers les technologies vertes.
- Sécurité nationale : moderniser les forces armées et consolider les alliances militaires sans céder à une course aux armements.
Une présidence sous haute surveillance démocratique
Fort de sa majorité parlementaire, Lee doit également convaincre au sein même de son camp de ne pas tomber dans l’écueil des excès de pouvoir. La promesse de « ne plus jamais subir un coup d’État », couplée à l’engagement de rétablir un contrôle citoyen fort, sera un test crucial pour la crédibilité de son administration.
Perspectives de politique extérieure
Sur le plan international, la nouvelle présidence entend diversifier ses partenariats économiques, en renforçant les relations avec l’Union européenne et les pays du Sud-Est asiatique, tout en maintenant un équilibre délicat entre Washington et Pékin. La stratégie « co-prosperité » avec Pyongyang, présentée comme une alternative à la confrontation, sera un élément clé de la diplomatie sud-coréenne.
À l’aube d’une ère nouvelle
La victoire de Lee Jae-Myung ouvre une ère d’incertitudes, mais aussi d’opportunités pour la Corée du Sud. En conjuguant sa majorité au Parlement et ses engagements pour la paix et la relance économique, le nouveau président dispose d’une fenêtre d’action importante pour réaffirmer la stabilité et la prospérité de son pays. Le monde, et plus particulièrement la région Asie-Pacifique, observe avec attention si la promesse d’une « coexistence pacifique » franchira le cap du discours pour se traduire en actes durables.