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Disparition de Pepe Mujica, icône de la politique humaniste

José “Pepe” Mujica, ancien président de l’Uruguay (2010-2015), s’est éteint ce mardi 13 mai à l’âge de 89 ans, a annoncé son successeur Yamandú Orsi sur les réseaux sociaux. Diagnostiqué d’un cancer de l’œsophage en avril 2024, Mujica avait réussi à retrouver suffisamment de forces pour soutenir la campagne présidentielle de 2024. Sa disparition marque la fin d’un parcours hors norme, qui a profondément transformé son pays et inspiré au-delà des frontières.

Un parcours politique radical et engagé

Militant d’extrême gauche dans sa jeunesse, emprisonné pendant treize ans sous la dictature militaire, Mujica a conservé toute sa vie un attachement à la justice sociale et à la solidarité :

  • Président de l’Uruguay (2010-2015) : à 75 ans lors de son élection, il s’engagea à ne toucher qu’un salaire de fonction symbolique, reversant l’essentiel à des œuvres sociales.
  • Légalisation pionnière : son gouvernement adopta la première loi d’amnistie pour les prisonniers politiques, légalisa le mariage homosexuel, le droit à l’avortement et régula le marché du cannabis.
  • Transition énergétique : sous son mandat, l’Uruguay devint un leader mondial des énergies renouvelables, avec plus de 95 % de l’électricité produite à partir du vent et du soleil.

Son style était à l’opposé des ors du pouvoir : Mujica vivait dans une ferme modeste, roulait en vieille Coccinelle et distribuait volontiers ses rares biens. Cette authenticité lui valut le surnom de “président le plus pauvre du monde”.

Un message fort pour l’Amérique latine

Au-delà de ses réformes intérieures, Mujica fut un artisan de l’intégration régionale :

  • Mercosur, Unasur et CELAC : il œuvra pour renforcer les organisations régionales, où il promut le dialogue Sud-Sud et l’indépendance vis-à-vis des grandes puissances.
  • Humanisme et écologie : il subjugua le public avec son appel à “bâtir une Amérique latine unie, baptisée un jour Amazzonía” selon les mots de Gustavo Petro.
  • Vision solidaire : il défendait un capitalisme tempéré par la responsabilité sociale et environnementale, inspirant de nombreux dirigeants progressistes.
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Son action trouva un écho mondial, tant auprès des gouvernements progressistes que dans la société civile, pour qui il incarna la possibilité d’un leadership authentique et tourné vers le bien commun.

Les hommages internationaux

Peu après l’annonce de sa mort, les réactions officielles se multiplient :

  • Brésil : le ministère des Affaires étrangères a salué “l’un des plus grands humanistes de notre temps” et son engagement pour l’intégration sud-américaine.
  • Colombie : le président Gustavo Petro l’a qualifié de “grand révolutionnaire” et a exprimé l’espoir d’une Amérique latine unie.
  • Espagne : le Premier ministre Pedro Sánchez a rendu hommage à “sa foi dans une politique faite avec le cœur”, concluant son message par un “Éternel Mujica”.

En Uruguay, un deuil national de trois jours a été décrété, tandis que des milliers de citoyens affluent au Palacio Legislativo pour lui rendre un dernier hommage.

Son héritage social et politique

Pepe Mujica laisse un héritage multiple, qui continuera de nourrir les débats :

  • Socle de réformes progressistes : ses lois sociétales ont servi de modèle dans plusieurs pays d’Amérique latine.
  • Modèle de sobriété : son choix de vivre modestement a relancé la réflexion sur la place des dirigeants et la simplicité volontaire.
  • Réchauffement climatique : pionnier des énergies vertes, il a prouvé qu’une transition propre était économiquement viable pour un petit pays.

Plus qu’un ancien chef d’État, Mujica demeure une figure de référence pour les mouvements altermondialistes et écologistes, rappelant chaque année, dans ses discours, que “la politique ne vaut que si elle sert à améliorer la vie des plus humbles”.

Un dernier message d’espérance

Lors de sa dernière apparition publique, à l’automne 2024, il avait déclaré : “Il ne s’agit pas seulement de changer de président, mais de continuer à semer les graines d’une société plus juste.” Ce message d’espoir traverse désormais les générations. Le départ de “El Viejo” Mujica ne signe pas la fin de son combat, mais l’ouverture d’un nouveau chapitre où la mémoire de ses convictions pourra inspirer d’autres leaders à travers le monde.

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