La leçon choc de Rovelli : comment la science renverse toutes nos certitudes !

Carlo Rovelli, l’un des physiciens théoriciens les plus en vue du XXIe siècle, vient de publier Sull’eguaglianza di tutte le cose (Adelphi, 2025), un ouvrage qui associe réflexions philosophiques et savoir scientifique. À l’occasion de sa présentation, le 27 octobre à Milan, le chercheur a donné un véritable cours de pensée : loin de se cantonner à la vulgarisation, il invite le lecteur à changer radicalement de perspective sur la science et la réalité.

Une rencontre pluridisciplinaire au cœur de l’Amérique intellectuelle

Invité à l’automne 2024 par le département de philosophie de l’Université de Princeton, Rovelli a participé à une série de conférences baptisées « Lezioni Americane ». Aux côtés de Hans Halvorson, Gideon Rosen ou Mark Johnston, il a engagé un dialogue complexe et souvent conflictuel sur le statut de la connaissance. Ces échanges nourrissent aujourd’hui son nouvel essai :

  • Examen critique des fondements : la science ne délivre pas des vérités absolues, mais propose des « points de vue » qui se complètent ;
  • Antifondationnalisme : toute proposition scientifique reste provisoire, soumise à révision par l’expérience et la critique logique ;
  • Intégration des savoirs : mathématique, physique, philosophie et littérature dialoguent pour offrir une vision unifiée du monde.
  • Philosophie et science : deux regards sur la même réalité

    Face à un public enthousiaste réuni dans le Teatro Dal Verme de Milan, Rovelli a incarné tour à tour le scientifique et le philosophe. Il rappelle que chaque discipline apporte ses « propositions », sans qu’aucune ne puisse se prétendre « dernière parole ». Le livre s’appuie sur cette idée centrale :

  • « Je ne sais pas tout du bonheur des poissons, comme je ne sais pas tout de moi-même. Mais, comme Zhuang Zi, je sais quelque chose. »
  • « La physique ne répond pas aux questions ultimes, mais elle modifie en profondeur notre façon de les poser. »
  • « Électrons et cerveaux, lois et cailloux ne sont que des manifestations différentes du même langage naturel. »
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    La comparaison avec le taoïsme de Zhuangzi, dont le titre s’inspire, souligne la portée universelle de ces réflexions : le monde se lit « de l’intérieur », dans une continuité entre matière, esprit et système de lois.

    Un public conquis par l’approche vivante de Rovelli

    Lors de la séance, la salle mêlait étudiants, retraités, familles et enfants. Cette diversité illustre l’ambition de l’ouvrage : s’adresser à tous, sans exclusion. On a pu entendre des réactions spontanées : une spectatrice évoquait Raymond Queneau, affirmant que « chaque récit offre mille récits possibles ». Cette fête du savoir a également illustré la dimension interactive du débat :

  • Échanges vifs entre le physicien et Luciano Fontana, directeur du Corriere della Sera ;
  • Questions sur l’héritage de Wittgenstein et Popper face aux avancées technologiques ;
  • Remise en cause du primat de la technique sur la pensée critique.
  • Sciences et liberté de penser

    Rovelli a insisté sur la liberté libératrice donnée par le renoncement aux certitudes figées :

  • Accepter la partialité des savoirs permet de renouveler le dialogue entre disciplines ;
  • Reconnaître l’impossibilité d’une « vérité finale » protège de l’arrogance intellectuelle ;
  • La science moderne nous invite à coexister avec l’incertitude, condition indispensable à toute avancée.
  • Cette posture, loin d’être un aveu de faiblesse, devient un moteur d’ouverture : « Abandonner l’idée d’un point d’arrivée définitif vous rend infiniment plus curieux et créatif », affirme Rovelli.

    Une fête du savoir où chacun se sent acteur

    La présentation s’est achevée sur un ton convivial, presque festif. Rovelli a partagé un souvenir de lycée et pointé quelques amis présents dans l’assistance, rappelant l’importance des racines personnelles dans un parcours scientifique. Son message : la connaissance se construit dans l’échange et l’amitié intellectuelle, pas dans l’isolement dogmatique.

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    Impacts et portée de « Sull’eguaglianza di tutte le cose »

    Ce nouvel essai se veut un pont entre idées scientifiques et questions éternelles de la philosophie : comment comprendre un univers en constante évolution ? Qu’est-ce qui rend possible la connaissance humaine ? Les « Lezioni Americane » de Rovelli répondent à ces enjeux :

  • Ils déconstruisent le clivage entre sciences « dures » et humanités ;
  • Ils offrent un cadre de pensée pour les enjeux technologiques et éthiques du XXIe siècle ;
  • Ils invitent le grand public à entrer dans une réflexion active, loin de la passivité d’une simple consommation d’informations.
  • Avec Sull’eguaglianza di tutte le cose, la science traditionnelle se réinvente en laboratoire de la pensée critique, ouvrant des perspectives inédites sur le rôle de l’humain dans un monde aux frontières sans cesse repoussées.