Bientôt autorisé aux frontières US : on vous exigera vos 5 ans de posts sur les réseaux sociaux — préparez‑vous à ce choc de vie privée
Les services douaniers américains (Customs and Border Protection, CBP) ont proposé une mesure qui, si elle est adoptée, modifierait profondément les règles d’entrée aux États‑Unis pour des millions de visiteurs : la fourniture des cinq dernières années d’activité sur les réseaux sociaux deviendrait obligatoire pour obtenir l’autorisation d’entrée, y compris pour les ressortissants des pays bénéficiant du programme d’exemption de visa (VWP).
Ce que prévoit précisément la proposition
Actuellement, les citoyens de plusieurs dizaines de pays — dont la majorité des États de l’Union européenne — peuvent entrer aux États‑Unis pour des séjours touristiques ou d’affaires de courte durée (jusqu’à 90 jours) via l’ESTA, une autorisation électronique préalable. Dans la proposition publiée au Federal Register, la CBP demande que, dans le cadre de cette même procédure, les demandeurs fournissent plusieurs éléments supplémentaires :
Le Département d’État demanderait également aux agents consulaires d’examiner les profils publics des candidats afin d’identifier d’éventuels « signaux d’hostilité » envers les États‑Unis. La période de mise en consultation publique annoncée est de 60 jours, délai durant lequel organisations et citoyens peuvent présenter leurs observations.
Pourquoi l’administration américaine avance cette mesure
Officiellement, l’argument avancé par l’administration est sécuritaire : mieux connaître la présence en ligne d’un visiteur permettrait d’identifier des risques potentiels avant l’arrivée sur le sol américain. Cette logique s’inscrit dans la continuité des politiques de restriction et de contrôle renforcé mises en place ces dernières années, couvrant déjà plusieurs catégories de visas (travail, études, échanges culturels). Les responsables américains soulignent la nécessité d’anticiper les menaces et de pouvoir détecter des comportements radicaux ou dangereux via leurs empreintes numériques.
Les implications pratiques pour les voyageurs
Si la règle entre en vigueur début 2026 comme indiqué par certains médias, elle imposera une nouvelle charge administrative et un niveau d’examen inédit pour les touristes et voyageurs d’affaires :
Pour les citoyens européens et italiens habitués à voyager sans visa, la nouveauté serait lourde : au‑delà de la formalité, c’est une intrusion dans la sphère privée numérique qui serait désormais monnayée comme condition d’entrée.
Les critiques et les risques juridico‑éthiques
La mesure a déjà suscité des réactions vives de la part des défenseurs des droits numériques et des libertés civiles. Parmi les critiques :
Des organisations comme la Electronic Frontier Foundation ont déjà dénoncé l’effet intimidant d’une telle exigence et le potentiel d’abus lorsqu’un État collecte des archives personnelles aussi détaillées.
Conséquences diplomatiques et économiques
Au‑delà de l’aspect individuel, la mesure pourrait avoir un coût diplomatique. L’obligation de fournir des données privées à l’administration américaine sera perçue par certains gouvernements comme une intrusion, et pourrait alimenter des représailles réciproques (exigences similaires pour les citoyens américains à l’étranger, renforcement des contrôles bilatéraux).
Économiquement, les secteurs du tourisme, de l’événementiel et des échanges académiques pourraient subir un frein : des visiteurs hésiteraient à se rendre aux États‑Unis si la procédure implique un contrôle de leur vie numérique. Dans le contexte des grands événements internationaux à venir (y compris le Mondial de football co‑organisé par les États‑Unis), la mesure pourrait compliquer l’accueil de millions de supporters.
Quelles garanties et quel encadrement ?
La proposition prévoit une période de consultation publique de 60 jours, ouvrant la voie aux observations et aux objections formelles. Les points brûlants qui devront être clarifiés avant toute adoption définitive incluent :
Scénarios possibles
La proposition de la CBP est révélatrice d’une tendance plus large : l’État‑sanction de la sphère numérique comme critère d’admissibilité à la mobilité internationale. Les 60 jours d’observation publique seront l’occasion pour la société civile, les gouvernements et les voyageurs de peser sur l’équilibre entre sécurité et libertés fondamentales.


