L’artiste chinois Badiucao, connu pour ses œuvres critiquant le gouvernement chinois et promouvant les droits de l’homme, a récemment fait l’objet de menaces juridiques à la suite de la diffusion de son œuvre numérique lors de l’Art Basel à Hong Kong. La controverse a rapidement attiré l’attention internationale, avec plus de 40 organisations, telles que Index on Censorship et Reporters sans frontières, unissant leurs voix pour dénoncer les pressions exercées contre lui.
Un contexte tendu
Badiucao, artiste et activiste sino-australien, a présenté l’œuvre intitulée « Here and Now » lors d’une exposition gérée par la galerie d’art digital milanaise Art Innovation. Cette œuvre, en apparence inoffensive, comportait une séquence de quatre secondes durant laquelle le labial des mots « vous devez participer à la révolution » était visible, une référence directe à une citation de Mao Zedong et au titre de l’un de ses récents romans graphiques. Les implications politiques de cette œuvre ont rapidement provoqué une réaction virulente.
Entre le 28 mars et le 2 avril, l’œuvre a été diffusée à intervalles réguliers, chaque heure, sur les écrans publicitaires à Hong Kong, suscitant des tensions. Le 1er avril, après avoir averti les médias, Badiucao a reçu un email de la galerie, l’intimant de cesser toute communication sous peine de poursuites légales pour « contenu contre le gouvernement chinois ».
Réactions et conséquences
En dépit des avertissements, Badiucao a poursuivi sa campagne, soulignant l’absurdité de la situation à Hong Kong en matière de liberté d’expression. Le lendemain, l’œuvre fut retirée des écrans, renforçant l’impression d’une censure effective. Art Innovation, de son côté, a publiquement accusé l’artiste de les avoir trompés sur la nature politique de son œuvre, affirmant qu’il avait signé un contrat précisant l’interdiction de contenu politique dans leurs expositions.
Cette situation a brusquement éveillé la communauté internationale artistique et journalistique. Les organisations soutenant Badiucao ont fermement condamné ce qu’elles perçoivent comme des actes d’intimidation visant à faire taire un artiste dissident. Elles ont appelé Art Innovation à retirer leurs menaces et à présenter des excuses publiques, appelant aussi le public à se montrer solidaire.
Un débat sur la liberté artistique
La scène artistique internationale se retrouve divisée, entre protection des libertés d’expression des artistes et respect des lois locales. Alors que beaucoup saluent Badiucao pour son courage et son engagement à défier la censure et l’autoritarisme, certains mettent en avant les risques financiers et juridiques encourus par les galeries lorsqu’elles passent outre les autorités locales.
Badiucao a continué de défendre son droit à l’expression artistique libre, soulignant l’importance de créer un espace où l’art ne soit pas muselé par des impératifs politiques oppressifs. Pour lui, cette situation est un test crucial pour la communauté internationale sur sa détermination à soutenir les artistes faisant face à la censure.
Cet incident n’est pas isolé pour Badiucao, qui avait déjà affronté des pressions similaires lors d’une exposition en Italie en 2022. Ce contexte rappelle que, malgré les progrès dans la visibilité internationale de l’art, les artistes restent vulnérables à la censure dans des contextes politiques répressifs. La réponse de la communauté internationale sera déterminante pour le soutien futur à ceux qui, comme Badiucao, choisissent de ne pas se taire.