ChatGPT change notre façon de parler (et c’est flippant) : ces mots ont explosé de 50 % !

Une étude du Max Planck montre l’influence insoupçonnée de ChatGPT

Après 18 mois d’existence, ChatGPT ne se contente plus de répondre à nos questions : il façonne notre façon de parler. Une recherche menée par le Max Planck Institute dévoile une hausse spectaculaire de 50 % de l’usage de certains mots « préférés » du chatbot dans des vidéos YouTube jugées « sérieuses ». Résultat : un véritable « dialecte artificiel » est en train de se diffuser, et nous n’en avons même pas conscience.

Méthodologie : 280 000 vidéos et 20 000 chaînes analysées

Pour mesurer cet effet, les chercheurs ont choisi trois types de contenus en anglais : présentations académiques, débats institutionnels et discours officiels. Ces formats, a priori peu exposés à la mode numérique, ont pourtant révélé :

  • L’analyse de 280 000 vidéos issues de 20 000 chaînes différentes.
  • Un suivi temporel couvrant la période avant et après le lancement de ChatGPT.
  • La comparaison de la fréquence de centaines de termes précis.
  • L’objectif était d’écarter toute hypothèse d’évolution spontanée du langage. Les résultats montrent une corrélation forte entre l’explosion de l’usage de certains mots et l’adoption massive du chatbot.

    Les mots « star » de l’influence : delve, realm, meticulous

    Trois exemples illustrent parfaitement la contagion linguistique :

  • Delve (approfondir) : +51 % en 18 mois.
  • Realm (domaine, sphère) : croissance vertigineuse de l’ordre de +45 %.
  • Meticulous (méticuleux) : omniprésent dans les présentations, avec près de +50 %.
  • Ces mots, rares en conversation « naturelle » auparavant, s’imposent désormais dans des échanges quotidiens, des réunions ou des conférences, jusque dans des contextes informels où ils paraissent incongrus.

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    Au-delà du vocabulaire : structure, ton et rythme

    L’étude ne s’est pas limitée au lexique. Elle révèle également :

  • Une tendance à des phrases plus longues et plus « écrites », même à l’oral.
  • Un rythme de discours plus formel, avec des transitions soigneusement articulées.
  • Une préférence pour certains adverbes et locutions de politesse (e.g., « ultimately », « in this regard »).
  • En somme, ChatGPT impose son architecture de phrase et son ton didactique, modifiant non seulement les mots mais la musique même de notre langage.

    Risques pour la diversité linguistique et la créativité

    Pour les chercheurs, cette homogénéisation comporte des dangers :

  • Perte de diversité : la richesse des expressions régionales ou culturelles pourrait s’éroder.
  • Uniformisation de la pensée : un vocabulaire communer limite la multiplicité des points de vue.
  • Manipulation inconsciente : un « dialecte ChatGPT » pourrait faciliter la diffusion de messages formatés.
  • Le langage, reflet de la pensée, verrait sa palette de nuances réduite, créant un terrain fertile pour les discours standardisés et les opérations de communication de masse.

    Vers un « dialecte artificiel » : enjeux sociétaux et éthiques

    Si l’effet ChatGPT s’amplifie, nous pourrions assister à la naissance du premier dialecte non humain de l’histoire, capable de :

  • Déployer des formules stéréotypées dans les administrations, les médias et l’éducation.
  • Transformer sans avertissement les registres de langue dans les relations interpersonnelles.
  • Renforcer un « comfort zone » cognitif où la prise de risque linguistique et créative serait repoussée.
  • Ce « dialecte artificiel » interroge notre capacité à conserver une parole authentique, reflet d’identités et de cultures variées.

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    Que faire pour préserver l’originalité de notre langage ?

    Face à ce constat, plusieurs pistes émergent :

  • Exercice de conscience : identifier les mots importés de ChatGPT et diversifier volontairement son vocabulaire.
  • Enseignement critique : sensibiliser les usagers aux mécanismes d’influence des LLM (Large Language Models).
  • Promotion de la plurilinguisme : valoriser les expressions locales et les tournures régionales dans les médias et l’éducation.
  • Encourager la créativité : développer des ateliers d’écriture expressive pour maintenir la diversité des styles.
  • Ainsi, nous pourrons bénéficier des apports des intelligences artificielles sans sacrifier la richesse et la spontanéité de notre langue.