Une convocation inédite au service du réarmement
Le président de la République italienne, Sergio Mattarella, a convoqué le Conseil suprême de la Défense pour le jeudi 8 mai 2025 à 17 h au Palais du Quirinal. Cette décision, annoncée dans un communiqué officiel du Quirinal, intervient dans un contexte de tensions accrues en Europe et dans le monde, où la question du renforcement militaire des États membres de l’Union européenne suscite un débat stratégique majeur.
Ordre du jour : vers un Livre blanc de la défense européenne
Le cœur des discussions portera sur le Livre blanc de la défense européenne, véritable feuille de route destinée à harmoniser les capacités militaires des pays membres. Plusieurs points seront à l’étude :
- Évaluation du Livre blanc : examen des orientations proposées pour une politique de défense commune, notamment les niveaux d’engagement volontaires et l’articulation des ressources.
- Infrastructures stratégiques nationales : état des lieux des bases, ports, aérodromes et réseaux logistiques clés pour l’accueil et le déploiement rapide des forces armées.
- Adequation du potentiel militaire : adaptation des effectifs, modernisation des matériels (blindés, aéronefs, systèmes de défense antimissile) et renforcement de la cyberdéfense.
- Perspectives pour l’industrie italienne : soutien aux filières nationales de défense, promotion des partenariats publics-privés et mise en œuvre de programmes de recherche-développement.
Crises internationales au menu des débats
Le Conseil examinera ensuite l’évolution des principales zones de crise, avec un focus particulier sur :
- Le conflit en Ukraine : évaluation des livraisons de matériel italien aux forces ukrainiennes ainsi que la coordination avec l’OTAN et l’Union européenne.
- Les tensions au Moyen-Orient : analyse des risques de propagation des conflits et des initiatives diplomatiques pour soutenir la paix, notamment entre Israël et les territoires palestiniens.
- Initiatives de paix internationales : rôle de l’Italie dans les partenariats multilatéraux, médiations et missions de maintien de la paix de l’ONU.
Composition et rôle du Conseil suprême de la Défense
Présidé par le chef de l’État, le Conseil suprême de la Défense constitue l’organe collégial de plus haut niveau chargé de tirer les grandes orientations de la politique de défense. Pour cette session, au Quirinal, siégeront :
- La présidente du Conseil des ministres, Giorgia Meloni.
- Le chef d’état-major de la Défense, garant de la capacité opérationnelle des forces.
- Les ministres des Affaires étrangères, de l’Intérieur, de l’Économie, de la Défense et du Développement économique.
Cette configuration permet de croiser les expertises diplomatiques, sécuritaires et industrielles pour définir un plan d’action cohérent et viable.
Une réunion exceptionnelle dans le calendrier institutionnel
Ordinairement convoqué deux fois par an, le Conseil peut être réuni à tout moment à l’initiative du président de la République, en accord avec le gouvernement. Cette flexibilité témoigne de l’importance accordée à la défense nationale et européenne, tant face aux risques de déstabilisation extérieure que face aux défis cyber et technologiques.
Implications pour l’industrie de défense italienne
L’ordre du jour annonce une stimulation sans précédent des capacités industrielles nationales :
- Programmes d’armement : commande de nouveaux blindés, navires de patrouille et drones de surveillance auprès des chantiers italiens.
- Recherche et innovation : financement accru de projets en robotique, intelligence artificielle et cryptographie pour renforcer la souveraineté technologique.
- Exportations : promotion des systèmes d’armes italiens sur les marchés alliés, dans le cadre des initiatives de l’Agence européenne de défense (AED).
Un signal fort adressé aux alliés et aux adversaires
Par cette convocation, le président Mattarella rappelle la volonté de l’Italie de jouer un rôle actif et constructif dans la sécurité européenne. Alors que plusieurs capitales européennes accélèrent leur réarmement, Rome affirme sa détermination à partager les charges et à renforcer la dissuasion. Dans un paysage géopolitique marqué par la recrudescence des tensions, cette réunion au plus haut sommet de l’État vise également à rassurer les partenaires italiens et l’Alliance atlantique sur l’engagement de l’Italie.
Le prochain rendez-vous : Milan, 2026
Au-delà de cette session du 8 mai, les retombées du Conseil suprême de la Défense seront scrutées à l’approche des Jeux olympiques d’hiver 2026 à Milan-Cortina, où la sécurité et la gestion des foules impliqueront une coopération étroite entre forces civiles et militaires. Les décisions prises au Quirinal pourraient ainsi servir de socle à un continuum sécuritaire inédit sur le sol italien.