Un geste symbolique qui enflamme la Flandre et la Wallonie
Lors des célébrations de la fête nationale belge, le 21 juillet, le Premier ministre flamand Bart De Wever a suscité une vive controverse en refusant de prononcer la formule rituelle « Vive la Belgique ! » à l’issue de son discours. Cet incident, qualifié par certains de « faute politique majeure », ravive les tensions identitaires entre les communautés linguistiques du pays et relance le débat sur l’avenir institutionnel de la Belgique.
Le contexte : fête nationale et traditions officielles
Chaque année, la fête nationale belge commémore, depuis 1831, le couronnement du premier roi des Belges, Léopold I. Dans les cérémonies officielles, après le discours du roi ou d’un représentant de l’État, il est d’usage de conclure par un large « Vive la Belgique ! », repris par la foule. Le geste symbolise l’unité du pays malgré ses divisions linguistiques et politiques.
Le refus de Bart De Wever, président de la Nouvelle Alliance flamande (N-VA), de proférer cette formule a pris de court les organisateurs et les invités officiels, qui attendaient sa participation pleine et engagée à la tradition nationale.
Le message implicite d’un nationalisme flamand assumé
Bart De Wever incarne depuis près de vingt ans le nationalisme flamand modéré, prônant une plus grande autonomie pour la Flandre au sein d’une Belgique fédérale. En s’abstenant de dire « Vive la Belgique ! », il a voulu marquer sa préférence pour une identité flamande renforcée, sans pour autant appeler à une sécession immédiate.
Interrogé en marge des cérémonies, De Wever a expliqué : « Je ne suis pas contre la Belgique, mais je suis convaincu que l’avenir de notre prospérité passe par des structures institutionnelles adaptées aux réalités régionales. Mon geste était une mise en garde, pas une rupture. »
Réactions politiques et médiatiques
Le geste a déclenché un torrent de réactions :
- Opposition francophone : des responsables politiques wallons et bruxellois ont dénoncé « une insulte » et un « manquement à la neutralité protocolaire ».
- Partis de la majorité fédérale : certains alliés, notamment les chrétiens-démocrates CD&V et cdH, ont exprimé leur embarras, estimant que le Premier ministre flamand aurait dû respecter la tradition nationale.
- Médias internationaux : la presse étrangère se passionne pour cette affaire, soulignant la fragilité de la Belgique divisée entre trois communautés linguistiques et culturelles.
Un camouflet pour le roi et la diplomatie belge
À Bruxelles, le Palais royal a réagi sobrement, rappelant l’importance de l’unité nationale : « La monarchie reste le garant de la cohésion de l’ensemble des Belges ». Plusieurs diplomates étrangers, assistant aux festivités, ont également exprimé leur étonnement, craignant que cet incident ne nuise à l’image de stabilité de la Belgique sur la scène internationale.
Enjeux identitaires et perspectives institutionnelles
Le geste de De Wever relance les questions fondamentales :
- L’autonomie régionale : la Flandre réclame depuis plusieurs années davantage de compétences, notamment en matière fiscale et sociale.
- Le fédéralisme belge : le système actuel, jugé trop complexe, est régulièrement remis en question par les nationalistes flamands.
- L’avenir de l’Union européenne : certains observateurs craignent qu’une poussée nationaliste ne fragilise l’engagement de la Belgique au sein de l’UE.
Le mot de la fin… avant le prochain round politique
Si Bart De Wever affirme n’avoir aucune intention de déclencher une crise gouvernementale, son geste symbolique montre à quel point la question de l’identité reste brûlante en Belgique. Les mois à venir seront cruciaux pour déterminer si la N-VA peut continuer à pousser ses revendications autonomistes sans fracturer davantage le pays, ou si un compromis durable sera trouvé pour préserver l’unité d’une nation façonnée par sa diversité.