Rome sous tension : la police disperse violemment les manifestants pro-Palestine au canon à eau !
Un rassemblement d’environ 500 personnes a dégénéré ce vendredi soir place Verdi à Rome, lors d’une manifestation de soutien à la population de Gaza et de Cisjordanie. Selon les forces de l’ordre, les manifestants ont tenté de briser le cordon policier pour se diriger vers l’Auditorium Parco della Musica, qui accueille actuellement la Festa del Cinema de Rome. La manifestation, jugée « non autorisée » par la préfecture, a fait l’objet d’une répression vigoureuse, avec usage de canons à eau et charges policières.
Les objectifs de la marche pro-Palestine
Organisée par Arci Roma et plusieurs collectifs de solidarité, la marche visait à :
Aux côtés d’Arci, figuraient le syndicat USB, le mouvement Potere al Popolo et le Movimento Studenti Palestinesi, ainsi que d’autres associations de défense des droits humains.
Un face-à-face tendu avec la police
Peu après 18 h, les premiers manifestants se sont regroupés sur le parvis, drapeaux palestiniens et pancartes à la main. Après un avis officiel interdisant le cortège, certains militants ont tenté de forcer le barrage policier pour avancer vers l’Auditorium, à environ un kilomètre.
La police a alors déployé des lignes de CRS et utilisé un canon à eau pour repousser la foule. Des vidéos amateurs montrent des manifestants projetés sur plusieurs mètres, tandis que d’autres cherchaient à protéger les plus vulnérables à l’aide de couvertures ou de planches, provoquant des accrochages « assez violents » selon des témoins. Aucun blessé grave n’a été signalé, mais plusieurs personnes ont été légèrement contusionnées.
Réactions des organisateurs et motifs de l’interdiction
Vito Scalisi dénonce une répression « inacceptable » : « Nous avons été chargés parce que nous avons refusé d’ôter les drapeaux palestiniens et ceux des organisations solidaires. La préfecture nous avait pourtant imposé cette condition pour autoriser le cortège. »
La préfecture de Rome a justifié l’interdiction par la proximité de l’événement culturel et la crainte de « déstabilisation de l’ordre public ». Elle reproche aux manifestants leur volonté d’entrer dans l’enceinte de la Festa del Cinema avec des slogans politiques, alors que l’organisation du festival affirme son caractère « culturel et apolitique ».
Le poids des acteurs associatifs
Plusieurs associations ont soutenu la manifestation :
Chacune a insisté sur la gratuité de l’action et l’absence de toute intention violente. Elles ont appelé les autorités à respecter la liberté d’expression, y compris sur le terrain international.
Le rôle de la Festa del Cinema dans le débat
L’Auditorium Parco della Musica, haut lieu de la culture romaine, accueille jusqu’au 2 novembre un festival à dimension mondiale. Les organisateurs, confrontés à la polémique, ont souligné leur statut de « manifestation artistique indépendant » et leur volonté de « créer un espace de dialogue pacifique ».
Cependant, des figures du cinéma italien ont exprimé leur « difficulté à rester en dehors des enjeux politiques quand des populations civiles souffrent ». Plusieurs réalisateurs ont annoncé qu’ils porteraient, à l’ouverture du festival, un badge blanc en signe de solidarité.
Déroulement et fin du rassemblement
Après plusieurs affrontements, les manifestants ont progressivement reculé vers via Spontini et via Donizetti, agitant toujours leurs drapeaux palestiniens. Le dispositif policier, lui, est resté en place jusqu’à la dispersion totale, vers 20 h. Aucun interpellé n’a été confirmé par la préfecture, qui parle d’« arrestations préventives » restées « à l’état d’ébauche ».
Un nouveau rassemblement de soutien a déjà été annoncé pour la semaine prochaine, dans le quartier de San Lorenzo, une zone historiquement liée aux mobilisations militantes à Rome.
Enjeux plus larges : liberté d’expression et solidarité internationale
Cette manifestation et sa répression témoignent d’un dilemme récurrent en Europe : comment concilier liberté d’expression et impératif de sécurité, alors que la guerre en Israël-Palestine polarise l’opinion ?
La question du port de drapeaux ou de tout symbole politique dans l’espace public reste au cœur des débats. Pour les associations, interdire ces symboles revient à censurer un pan de l’expression démocratique. Pour les autorités, c’est un moyen de garantir le calme dans un festival notoirement fréquenté par les plus grandes personnalités du cinéma mondial.
À l’heure où la solidarité internationale s’exprime par des mobilisations nombreuses dans les capitales européennes, Rome illustre la difficulté de maintenir un juste équilibre entre manifestation pacifique et maintien de l’ordre. Le sort des manifestants de piazza Verdi pourrait inspirer d’autres villes, où des rassemblements pro-Palestine sont déjà programmés dans les prochains jours.



