«Safari de la mort» à Sarajevo : trois témoins clés retrouvés morts — des révélations qui relancent une enquête explosive
« Safari de la mort » à Sarajevo : trois témoins clés retrouvés morts, relance d’une enquête explosive
Une nouvelle passe d’armes s’ouvre autour de l’affaire dite du « Sarajevo Safari » : le journaliste d’investigation croate Domagoj Margetic affirme que trois témoins directs de cette sombre affaire sont décédés dans un laps de temps rapproché, des morts qu’il qualifie de « suspectes ». Ces révélations relancent des questions graves sur l’impunité, la trajectoire des enquêtes internationales et la protection des témoins dans des dossiers qui mêlent crimes de guerre, trafics d’armes et déplacements de ressortissants étrangers impliqués dans des atrocités.
Quelles sont les accusations ?
Selon Margetic, les personnes décédées — Slavko Aleksic, Branislav Gavrilovic dit Brnet et Vasili Vidovic dit Vasket — détenaient des informations sensibles sur l’organisation des « safaris » : des tournées organisées durant le siège de Sarajevo (1992‑1996) où des étrangers, moyennant des sommes « importantes », auraient été guidés sur les hauteurs de la ville pour tirer sur des civils. Ces « touristes de la guerre » auraient, d’après les éléments rassemblés, payé des milices pour accéder à des positions de tir et prendre pour cible des passants, des hommes, des femmes, parfois des enfants.
Des pièces au dossier italien
Le dossier en Italie a pris de l’ampleur après une plainte déposée à la Procure de Milan, suite à un signalement de l’écrivain Ezio Gavazzeni. Margetic lui‑même a remis des éléments à la justice et a, le mois précédent, mis en cause le président serbe Aleksandar Vučić, l’accusant d’avoir un rôle dans ces événements ou, à tout le moins, d’en connaître les ressorts. Vučić a nié fermement ces allégations et annoncé des poursuites contre les médias qui propagent ces accusations.
Pourquoi ces témoignages sont‑ils déterminants ?
Ces témoins auraient eu la connaissance directe du mécanisme par lequel des armes et des snipers ont été mobilisés contre la population civile. Leur témoignage est potentiellement décisif pour établir :
Ce qui relance l’inquiétude : des morts rapprochées
La coïncidence temporelle des décès suscite des soupçons. Margetic affirme que les trois hommes étaient en bonne santé et qu’ils se sont retrouvés « éliminés » en peu de temps. Si ces éléments étaient confirmés par des expertises indépendantes, cela pointerait vers des tentatives d’empêcher la manifestation de la vérité et d’intimider d’autres témoins susceptibles de coopérer avec la justice.
Le contexte historique et judiciaire
Le « Sarajevo Safari » n’est pas un concept nouveau : des enquêtes et un documentaire avaient déjà évoqué la présence, durant le conflit bosniaque, de « touristes » étrangers prêts à payer pour tirer sur des civils. Ces pratiques s’inscrivent dans un tableau plus large : celui de la participation de mercenaires, de miliciens et parfois d’étrangers motivés par l’idéologie ou le goût des armes durant les guerres post‑yougoslaves. Les autorités judiciaires, notamment en Bosnie, ont déjà établi la responsabilité de figures de premier plan (Radovan Karadžić, condamné pour génocide). Mais l’implication de ressortissants étrangers, organisés et payants, est un volet qui complexifie les enquêtes et impose des investigations transnationales.
Les enjeux pour l’enquête de Milan
Les implications politiques
Accuser des personnalités publiques ou des États d’avoir couvert ou facilité de tels agissements est politiquement explosif. La mise en cause de Vučić par Margetic, assortie d’une plainte en Italie, illustre la dimension géopolitique du dossier. Les réactions officielles — démentis, contre‑poursuites, mobilisations diplomatiques — sont attendues et pourraient compliquer la coopération judiciaire. D’un point de vue stratégique, certains acteurs pourraient chercher à étouffer l’affaire, ce qui rend la transparence des enquêtes et l’indépendance des magistratures primordiales.
Questions en suspens et points de vigilance
Ce que demande l’éthique du journalisme
Dans ce dossier sensible, la responsabilité des médias est double : transmettre une information fiable et vérifiée, tout en limitant le risque de porter atteinte à des enquêtes en cours ou à la sécurité des témoins. Les allégations graves, notamment lorsqu’elles visent des personnalités publiques, doivent s’appuyer sur des preuves tangibles et rester soumises aux vérifications judiciaires. Le travail d’investigation, tel que mené par Margetic, alimente la piste d’enquête ; il appartient désormais aux magistrats compétents et, si nécessaire, aux instances internationales, de trier, valider et, le cas échéant, engager des poursuites fondées sur des éléments probants.
À suivre
La mise en lumière de ces décès rapprochés remet l’affaire sous les projecteurs et appelle une attention renforcée des autorités judiciaires et des ONG de droits humains. L’évolution du dossier — analyses médico‑légales, auditions complémentaires, coopération internationale — déterminera si nous sommes face à un enchaînement tragique mais indépendant, ou à une manœuvre destinée à faire taire des témoins gênants. GlobalNews continuera de suivre de près les développements et d’exiger la transparence nécessaire à l’éclaircissement de ces accusations graves.



