La Sicile mise sur le “South working” : 54 millions d’euros pour attirer les télétravailleurs
La Région Sicile a adopté une mesure ambitieuse pour tenter de freiner l’exode des talents et stimuler l’emploi local : une enveloppe de 54 millions d’euros, répartie sur trois ans, destinée aux entreprises qui permettront à leurs salariés de travailler à distance depuis l’île. Baptisé “South working” (ou “Sicily working”), ce dispositif vise à encourager les embauches et les transformations de contrats précaires en CDI pour les résidents siciliens, en offrant un soutien financier aux employeurs.
Comment fonctionne le dispositif ?
La loi votée par l’Assemblée régionale prévoit une aide aux entreprises sous conditions strictes :
Les objectifs affichés : retour des talents et développement territorial
Aux yeux des promoteurs, le “South working” répond à plusieurs objectifs simultanés :
Un large soutien politique… mais des réserves
La mesure a été votée avec l’appui des oppositions et recueille les louanges du Parti démocrate régional, qui souligne son potentiel pour contrer la fuite des jeunes diplômés. Michele Catanzaro (chef du groupe PD à l’Assemblée sicilienne) a salué une initiative « qui parle aux jeunes Siciliens obligés de partir ». Reste que d’autres formations, comme le Mouvement 5 Etoiles, regrettent que la mesure ne bénéficie pas d’emblée à tous les travailleurs, y compris ceux déjà en CDI, et réclament un élargissement ultérieur de la population éligible.
Quels bénéficiaires et quels critères d’éligibilité ?
La version adoptée privilégie les nouveaux recrutements et les transformations de contrat ; les travailleurs déjà en CDI pourraient, selon les engagements pris par le gouvernement régional, être inclus ultérieurement lors d’une prochaine révision budgétaire. Les modalités exactes d’éligibilité — plafond d’aides par entreprise, secteurs ciblés, obligations de maintien de l’emploi — seront définies dans les décrets d’application à venir.
Les enjeux administratifs et la nécessaire transparence
Les parlementaires du PD et d’autres voix ont insisté sur la nécessité d’une mise en œuvre rapide, claire et transparente. Trois risques sont à éviter :
Quels effets économiques espérés ?
Si le dispositif fonctionne comme escompté, plusieurs retombées positives peuvent être attendues :
Limites et questions ouvertes
Plusieurs interrogations restent en suspens :
Exemples d’effets pervers à surveiller
Les conditions de succès
Pour que le “South working” porte ses fruits, plusieurs conditions sont indispensables :
Surveillance citoyenne et rôle des acteurs locaux
Les partis d’opposition et la société civile ont un rôle de veille : la bonne utilisation des 54 millions dépendra d’une gouvernance exemplaire. Les partenaires sociaux, chambres consulaires et collectivités locales devront coopérer pour transformer cette opportunité financière en réel levier de développement régional.
