Temu & Shein accusés d’inonder l’Europe de produits toxiques – l’UE prépare un coup de massue !
Un flot ininterrompu de colis à bas coût menace la sécurité
Chaque jour, plus de 12 millions de petits colis arrivent en Europe depuis la Chine sans être soumis aux droits de douane, grâce à l’exemption pour les envois de moins de 150 €. En 2024, ce sont près de 4,6 milliards de paquets, évalués individuellement sous ce seuil, qui ont franchi nos frontières. Issus pour l’essentiel de plateformes comme Temu et Shein, ces envois profitent d’un contrôle douanier allégé, facilitant la circulation de produits non conformes, voire dangereux, auprès des consommateurs européens.
Des achats « mystère » révèlent des dangers insoupçonnés
Face à cette dérive, un test secret commandité par la Commission européenne a confirmé des manquements graves aux normes de sécurité :
- Des tétines pour bébés dont les perles se détachent facilement, créant un risque d’étouffement.
- Des vêtements de pluie pour enfants contenant des substances chimiques toxiques nocives pour la peau.
- Des lunettes de soleil sans aucun filtre UV, exposant les yeux à des radiations dangereuses.
- Des cosmétiques vendus avec du butylphényl méthylpropional (Lilial), classé cancérogène, mutagène et reprotoxique, interdit depuis mars 2022.
Ces trouvailles ont déclenché l’inquiétude de Michael McGrath, commissaire européen à la Justice et à la Protection des consommateurs : « Je suis déterminé à renforcer l’application des règles de sécurité des produits. Il ne s’agit pas seulement de protéger les consommateurs, mais aussi d’assurer des conditions de concurrence équitables pour les entreprises européennes. »
Deux pistes de réforme pour stopper l’invasion illégale
Pour tarir le flux de marchandises dangereuses, Bruxelles étudie deux mesures majeures :
- Suppression de l’exemption de droits de douane pour tous les paquets de moins de 150 €, réinstaurant un contrôle systématique à l’importation.
- Instauration d’une commission de gestion sur chaque colis, destinée à couvrir les coûts supplémentaires engendrés par les contrôles renforcés aux frontières.
L’objectif est double : dissuader l’envoi massif de produits douteux tout en finançant les dispositifs de contrôle. Les premières simulations estiment un coût de l’ordre de 2 à 5 € par colis, susceptible d’être répercuté sur les plateformes et vendeurs chinois.
Enquêtes et sanctions : l’arsenal déjà déployé
Depuis octobre 2024, la Commission a lancé une enquête préliminaire sous le régime du Digital Services Act (DSA) visant Temu et Shein. Parallèlement, le Consumer Protection Cooperation Network a ouvert un dossier contre Shein en février 2025. Par ces démarches, les autorités cherchent à vérifier :
- Le respect des obligations d’information sur l’origine et la composition des produits.
- L’efficacité des dispositifs de retrait proactif des articles non conformes.
- La transparence des prix et l’absence de clauses abusives dans les conditions de vente.
Malgré ces procédures, les porte-parole de Temu et de Shein affirment que leurs vendeurs doivent se conformer aux législations européennes. Des actions ponctuelles de retrait de produits ont été menées, mais les observateurs jugent ces efforts insuffisants face à l’ampleur du commerce parallèle.
Conséquences pour les consommateurs et les distributeurs légaux
Pour l’utilisateur, le danger est réel : un achat à 10 € peut coûter bien plus cher, non seulement par les risques sanitaires, mais aussi par la tentation de croire que « tout est sécurisé ». Du côté des distributeurs européens, la concurrence est faussée : face à des prix défiant toute logique, ils peinent à valoriser la qualité et la sécurité de leurs articles.
- Hausse des coûts logistiques pour les boutiques en ligne respectant les normes.
- Perte de confiance des consommateurs envers les ventes transfrontalières.
- Risque de contamination de la chaîne de contrôle, avec des produits dangereux finissant en grande distribution.
Enjeux économiques et politiques
La question dépasse la simple protection des acheteurs : elle touche à la souveraineté industrielle et à la compétitivité des entreprises européennes. Des secteurs comme le jouet, la cosmétique ou l’équipement enfant subissent déjà des rappels massifs de produits, générant un coût annuel estimé à plusieurs centaines de millions d’euros.
La levée de l’exemption de droits de douane pourrait rapporter plusieurs milliards d’euros par an, à réinvestir dans les contrôles et la formation des douaniers. Quant à la commission de gestion, elle offrirait une stabilité de financement pour les agences de protection des consommateurs, souvent contraintes à des arbitrages budgétaires.
Calendrier et perspectives
Les propositions seront débattues à la rentrée parlementaire après l’été. Plusieurs États membres, dont la France et l’Allemagne, expriment leur soutien, tandis que d’autres craignent un renchérissement jugé excessif pour l’e-commerce. Le compromis devra concilier :
- Une dissuasion forte contre la piraterie et la vente de produits dangereux.
- La préservation d’un accès raisonnable aux petits articles importés.
- Le soutien à l’innovation et aux start-ups européennes de la distribution en ligne.
Dans ce contexte, l’Europe est à la croisée des chemins : affirmer son contrôle sur la sécurité des produits ou céder à une déréglementation pouvant fragiliser consommateurs et acteurs économiques locaux. GlobalNews.fr suivra de près l’évolution de ce dossier, qui pourrait redéfinir les règles du commerce transcontinental.