Tether veut racheter la Juventus pour 1,1 Md€ : offre choc, milliard promis aux transferts — pourquoi Exor a dit non
L’offre de rachat surprise formulée par Tether pour la Juventus — 1,1 milliard d’euros pour la part détenue par Exor, accompagnée d’une promesse d’un milliard d’investissements supplémentaires — a secoué la sphère financière et sportive. Au‑delà du montant spectaculaire et du battage médiatique autour d’un groupe lié aux cryptomonnaies, cette opération soulève des questions d’ordre stratégique, juridique et symbolique : qui est Tether, pourquoi s’intéresse‑t‑il à un club historique comme la Juventus, et pourquoi Exor a‑t‑elle immédiatement repoussé la tentative ?
Le montage proposé : chiffres et promesses
Tether a transmis une offre liée à l’acquisition des actions détenues par Exor, soit 65,4 % du capital de la Juventus. Le prix proposé : 2,66 € par action, soit environ 1,1 milliard d’euros au total — un prime de l’ordre de 21 % sur le cours constaté la veille. Parallèlement, Tether annonce la mise à disposition d’un milliard d’euros destinés à « renforcer la première équipe », autrement dit pour financer transferts, structure sportive et probablement rénovation d’infrastructures.
Qui est Tether et quel est l’intérêt stratégique ?
Pour Tether, posséder ou contrôler majoritairement un club européen de premier plan permettrait d’accroître la notoriété, d’intégrer produits et services crypto au sein d’un écosystème footballistique (billetterie, merchandising, expériences fans) et d’expérimenter des mécanismes d’engagement financier via tokens ou services numériques associés au club.
La riposte d’Exor : pourquoi rejeter l’offre ?
Exor, holding contrôlée par la famille Agnelli, a rejeté à l’unanimité la proposition. Le conseil d’administration a rappelé la nature stratégique et patrimoniale de la Juventus pour la famille et pour le groupe : il ne s’agit pas simplement d’un placement financier, mais d’un actif culturel et symbolique. Plusieurs raisons expliquent le refus :
Conséquences sportives et financières pour la Juventus
Si l’offre avait été acceptée, la promesse d’un milliard d’investissements aurait potentiellement transformé la capacité d’action sportive du club sur le marché des transferts et les infrastructures. Mais injecter massivement des capitaux ne garantit pas automatiquement des résultats sportifs durables : tout dépend de la gouvernance, du projet sportif et de la stratégie d’allocation des ressources.
Éléments juridiques et réglementaires à surveiller
Une opération de cette ampleur ne se limite pas à une équation financière entre acheteur et vendeur : elle implique approbations réglementaires, contrôle des autorités sportives et des marchés, examen de conformité (lutte contre le blanchiment, provenance des fonds) et validation des actionnaires minoritaires. Autant de freins potentiels à une prise de contrôle rapide et « clean ».
Scénarios possibles après le refus d’Exor
Pourquoi cet épisode compte au‑delà du sport
Ce bras de fer marque un point de basculement symbolique : il illustre la capacité des acteurs du monde numérique (cryptos, fintech) à entrer dans des sphères historiques de l’économie réelle — le sport, les médias, l’immobilier. Il interroge aussi sur la capacité des groupes traditionnels à préserver des actifs culturels face à des prétendants très liquides et visibles.
Enfin, au‑delà du montant et de la communication, cette affaire pose une question politique plus large : quelle place donner aux nouveaux acteurs financiers dans des institutions enracinées dans l’histoire nationale ? Les prochains jours et semaines révéleront si Tether renonce, si Exor bétonne sa position ou si le dossier évolue vers une nouvelle forme de coopération.



