Donald Trump a relancé la piste de la prochaine présidence de la Réserve fédérale américaine en indiquant qu’il réduira son choix à « deux Kevins » : l’ancien gouverneur de la Fed Kevin Warsh et Kevin Hassett, actuel directeur du Conseil économique national. Dans une interview accordée au Wall Street Journal depuis le Bureau ovale, le président a confirmé qu’il souhaite un président de la Fed favorable à des baisses de taux et qu’il entend peser davantage dans la définition de la politique monétaire. Ces déclarations ravivent les inquiétudes sur l’indépendance de la banque centrale et dessinent un calendrier politique majeur pour le printemps 2026.
Qui sont les deux favoris évoqués par Trump ?
Le premier, Kevin Warsh, a déjà siégé au conseil des gouverneurs de la Fed et est perçu comme proche des milieux financiers et favorables à une stratégie accommodante. Trump a rencontré Warsh à la Maison‑Blanche lors d’un entretien de 45 minutes, selon le Journal, et l’a interrogé sur sa disposition à soutenir des baisses de taux si besoin. Le second, Kevin Hassett, est l’un des conseillers économiques les plus proches de Trump ; directeur du Conseil économique national, il prône aussi une politique monétaire plus souple et a publiquement estimé que la Fed dispose d’une marge importante pour réduire les taux.
Un message clair du président : des taux beaucoup plus bas
Trump n’a pas dissimulé ses préférences : il souhaite des taux « à 1 % ou même moins » d’ici un an. Selon lui, un coût de l’argent très bas allégerait le fardeau des intérêts sur la dette publique américaine — une priorité pour son administration. Il affirme par ailleurs que la Fed, historiquement, consultait davantage la Maison‑Blanche sur ses décisions ; il estime qu’un retour à des échanges plus fréquents entre le président et la Fed serait souhaitable. Cette position bouleverse les normes de séparation entre pouvoir exécutif et banque centrale, fondement de la crédibilité monétaire depuis plusieurs décennies.
Quel rôle pour Jerome Powell en attendant ?
Jusqu’à la nomination du successeur — dont le mandat de Powell arrive à échéance en mai 2026 — c’est encore Jerome Powell qui dirige la Fed. Powell devra clore l’année en conciliant deux impératifs contradictoires : contenir l’inflation tout en rassurant des marchés sensibles à toute apparence de division interne. La banque centrale semble partagée : certains membres (les « faucons ») jugent l’inflation encore trop élevée pour envisager d’accélérer les baisses de taux, tandis que d’autres (les « colombes ») pointent l’affaiblissement du marché du travail et plaident pour un ajustement plus rapide du coût du crédit.
Les marchés et les investisseurs face à l’incertitude
Les investisseurs observent avec prudence. La perspective d’un nouveau président de la Fed aligné sur les désirs de la Maison‑Blanche suscite des interrogations quant à la pérennité de l’indépendance monétaire américaine. Une nomination perçue comme trop « accommodante » pourrait provoquer des tensions : d’un côté, une réaction initiale favorable des marchés actions et du crédit; de l’autre, une remontée des primes de risque si la crédibilité anti‑inflationniste de la Fed venait à être remise en cause.
Indépendance de la Fed : un enjeu central
Le choix du prochain président de la Fed est plus qu’un simple changement de personne : il s’agit d’un test de l’indépendance institutionnelle. Depuis les années 1980, la Fed a construit sa réputation sur une gestion autonome visant à assurer la stabilité des prix et la confiance des marchés. En souhaitant un président susceptible de suivre des orientations favorables aux réductions de taux, Trump alimente des craintes que la banque centrale puisse être instrumentalisée pour des objectifs politiques de court terme, au risque d’alimenter à terme l’inflation ou de fragiliser la crédibilité des États‑Unis sur la scène financière mondiale.
Les enjeux économiques derrière la bataille pour la Fed
La pression en faveur de taux plus bas s’explique par plusieurs considérations : alléger le service de la dette publique, soutenir la consommation et l’investissement, et maintenir un climat économique favorable avant des échéances politiques. Mais les responsables monétaires doivent aussi garder à l’esprit le risque de surchauffe et la nécessité d’aligner les décisions sur des données macroéconomiques robustes — inflation, marché du travail, croissance — plutôt que sur des objectifs politiques immédiats.
Quel calendrier et quelles prochaines étapes ?
Trump annonce vouloir dévoiler sa décision au début de 2026, mais d’ici là, plusieurs étapes clés vont façonner le terrain : consolidation d’un consensus au sein du board de la Fed, communications de la banque centrale pour minimiser les dissensions publiques, et publications de données macroéconomiques susceptibles d’influencer l’opinion publique et les décideurs. L’attention restera focalisée sur les minutes des réunions de la Fed, les discours des responsables et les chiffres d’inflation et d’emploi qui définiront la marge de manœuvre réelle pour le futur président de la Fed.
Ce que cela signifie pour la France et le monde
Les décisions prises à Washington ont des répercussions globales. Une politique monétaire américaine nettement plus accommodante pourrait exercer une pression à la baisse sur le dollar, influencer les flux de capitaux internationaux, et pousser d’autres banques centrales à ajuster leurs propres stratégies. Pour l’Europe et la France, l’équilibre entre soutien à la croissance et contrôle de l’inflation restera le défi, dans un contexte déjà marqué par des tensions géopolitiques et des fragilités économiques diverses.
