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Windows 11 2,3× plus rapide que Windows 10 ? Le comparatif truqué qui fait scandale !

Des tests basés sur du matériel hétérogène

Microsoft a récemment publié sur son site officiel les résultats de quatre benchmarks sensés démontrer que Windows 11 surclasserait Windows 10. Pour conduire ces tests, 20 ordinateurs portables de marques diverses (ASUS, Dell, HP, Acer, Samsung et Lenovo) ont été répartis en deux groupes distincts :

  • Dix machines équipées de processeurs Intel Core 12ᵉ et 13ᵉ génération, sous Windows 11.
  • Dix machines dotées de processeurs Intel Core 6ᵉ, 8ᵉ, 10ᵉ et 11ᵉ génération, sous Windows 10.
  • Si la valeur de cette expérience réside dans une volonté de montrer l’efficacité du nouvel OS, la comparabilité des machines disparates met d’emblée à mal la légitimité des chiffres avancés par Microsoft.

    Geekbench 6 : des gains à 2,3×… mais avant tout matériels

    Lors du test Geekbench 6, qui évalue performances CPU et GPU, le résultat déclaré indique que les notebooks sous Windows 11 sont jusqu’à 2,3 fois plus rapides que leurs homologues sous Windows 10. Ce bond spectaculaire s’explique cependant non par la supériorité de l’OS, mais par l’écart de performances entre générations de processeurs :

  • Architecture plus efficace et fréquence de base plus élevée sur 12ᵉ/13ᵉ gén.
  • Optimisations matérielles (Turbo Boost, améliorations du cache).
  • Technologies embarquées (DL Boost, instructions timing).
  • En installant les deux systèmes sur la même machine, on obtiendrait sans doute un écart marginal, proche de zéro, tant l’optimisation de l’OS se révèle secondaire face à la différence de puissance brute du processeur.

    Autonomie : 2,7 heures de plus… grâce aux cœurs économes

    Microsoft affirme qu’un ordinateur sous Windows 11 offre jusqu’à 2,7 heures d’autonomie supplémentaire en lecture d’une vidéo MP4 1080p avec Windows Media Player. Là encore, l’écart se justifie principalement par les améliorations architecturales de la 12ᵉ et 13ᵉ génération Intel :

  • Ratio gros/peu­tits cœurs mieux dosé pour réduire la consommation au ralenti.
  • Technologie Intel Evo et extensions d’économie d’énergie (Speed Shift).
  • Gestion améliorée du FCLK et du ring bus, limitant les accès mémoire.
  • Un écart de ce type aurait peu de sens sur un même ordinateur, puisque la gestion d’énergie est pilotée en grande partie par le firmware (BIOS) et le silicium, non par la version de Windows.

    Navigation web : Edge 130.x dopé ou fiction ?

    Le test Speedometer mené sous Edge 130.x et 131.x afficherait une vitesse de navigation jusqu’à 3,2 fois supérieure sous Windows 11 par rapport à Windows 10. Pour autant, sans contrôle strict de la configuration réseau, du cache, de l’accélération GPU et du profil utilisateur, ces résultats restent très discutables :

  • Version du navigateur et accélération GPU non comparées dans des conditions identiques.
  • Absence de mesures sur d’autres navigateurs concurrents (Chrome, Firefox).
  • Pas de mention d’un protocole de purge de cache, ce qui peut favoriser la seconde exécution du benchmark.
  • Office et Procyon : deux fois plus rapide ?

    Enfin, Microsoft met en avant un doublement de la vitesse d’exécution de la suite Office mesurée avec le benchmark Procyon. Or, Procyon teste avant tout la capacité de traitement des macros, la compilation JIT et la vectorisation SSE/AVX, des éléments qui dépendent directement du CPU et non de l’OS :

  • Capacité de l’OS à exploiter AVX-512 ou AVX2.
  • Différences de contrôleurs mémoire impactant le délai de lecture/écriture.
  • Absence de test sur machines AMD, alors que Windows 11 de supporte AMD Ryzen 5000+.
  • Une seule configuration ferme le débat : installer Windows 10 et Windows 11 en dual boot sur la même machine de test, avec identique BIOS, pilotes et mises à jour.

    Les principales erreurs méthodologiques

    Cette campagne de communication pour valoriser Windows 11 pèche par plusieurs biais :

  • Comparaison de générations de CPU différentes, faussant les résultats.
  • Absence de contrôle des autres variables (RAM, SSD, pilotes graphiques).
  • Exclusion des processeurs AMD ou plus anciens de test, limitant la représentativité.
  • Utilisation d’un seul media player et d’un seul benchmark bureautique.
  • Ce qu’aurait dû faire Microsoft

    Pour un comparatif solide et incontestable, Microsoft aurait dû :

  • Monter un banc de test unique en mode dual-boot : même machine, même hardware, deux OS.
  • Tester sur matériel Intel et AMD, large éventail de CPU et de GPU intégrés.
  • Normaliser les versions des applications (Edge, Media Player, Office).
  • Effectuer des tests en conditions réelles d’usage et non uniquement sur benchmarks synthétiques.
  • Enjeux pour l’utilisateur et le parc existant

    Au-delà des chiffres, l’utilisateur final retient plusieurs points :

  • Windows 11 apporte des nouveautés ergonomiques et fonctionnelles (intégration Teams, Snap Layouts, Widgets) bien plus déterminantes qu’une vitesse marginalement supérieure.
  • La mise à jour vers Windows 11 reste gratuite pour les PC compatibles, mais nécessite un matériel récent répondant aux critères TPM 2.0 et Secure Boot.
  • Les entreprises disposant de machines plus anciennes doivent évaluer coûts et bénéfices d’une migration, sans se laisser influencer par ce type de « marketing benchmark ».
  • Pour les amateurs de performances, l’optimisation des pilotes, du firmware et des logiciels s’avère bien plus efficace que le seul changement de système d’exploitation.
  • Conclusion sur les performances OS

    Windows 11 n’est pas un simple rafraîchissement cosmétique ; il intègre des optimisations importantes pour la sécurité et la productivité. Toutefois, les prétentions de Microsoft en matière de « rapide gagnant » s’appuient principalement sur la supériorité du hardware testé. Pour juger de la réelle capacité de Windows 11 à surpasser son prédécesseur, il faudra attendre des benchmarks équitables et indépendants, réalisés sur du matériel identique.

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