BMW annonce 40 modèles révolutionnaires d’ici 2027 – vous n’allez pas en croire vos yeux !
Un report de 13 ans qui relance le débat sur le charbon en Italie
En 2017, alors ministre du Développement économique, Carlo Calenda annonçait un objectif ambitieux : mettre fin à la production électrique à base de charbon en Italie dès 2025. Cette date marquait une rupture nette avec une décennie d’exploitation de centrales fortement émettrices de CO₂. Pourtant, en août 2025, un ordre du jour (ODG) présenté à la Chambre par les députés d’Azione et de Forza Italia propose de décaler ce « phase-out » au 31 décembre 2038. Un allongement de 13 ans qui jette une ombre sur les engagements climat du gouvernement et suscite une vive controverse, notamment dans les régions concernées.
Le calendrier initial du Pniec : 2025, puis 2028 en Corse
Le Plan national intégré énergie et climat (Pniec) prévoyait la fermeture de toutes les centrales à charbon résiduelles d’ici 2025 :
- Centrale de Monfalcone (Frioul-Vénétie Julienne) déjà arrêtée en janvier 2025 ;
- Centrale de Civitavecchia (Torrevaldaliga Nord) : extinction programmée pour fin 2025 ;
- Centrale de Brindisi (Cerano) : arrêt fixé fin 2025 ;
- Centrales sardes de Sulcis et Fiume Santo : maintien en service jusqu’à la mise en service du Tyrrhenian Link prévue autour de 2028.
Face aux enjeux de sécurité d’approvisionnement et aux dimensions européennes du marché de l’électricité, ce calendrier représentait déjà un compromis entre objectifs environnementaux et contraintes techniques.
L’ordre du jour d’Azione et de Forza Italia : motifs et chiffres clés
L’ODG récemment voté à la Chambre, lié au décret-loi sur l’ex-Ilva de Tarente, engage l’exécutif à revoir le Pniec pour aligner la date de sortie du charbon sur le 31 décembre 2038. Les députés signataires – dont Carlo Calenda (Azione) et plusieurs élus de droite – avancent plusieurs arguments :
- Comparaison avec l’Allemagne : en 2024, Berlin produisait 95 TWh à partir du charbon, contre seulement 3,5 TWh en Italie. Au premier semestre 2025, la différence reste abyssale (50 TWh vs 1,5 TWh), soulignant la dépendance allemande et la robustesse de leur industrie.
- Émissions plus faibles : les centrales italiennes utiliseraient un charbon à teneur en carbone plus faible que leurs homologues germaniques, générant un tiers d’émissions en moins.
- Transition orchestrée : anticiper la disponibilité de nouveaux réacteurs nucléaires – annoncés à partir de 2035 dans le Pniec – permettrait un basculement sécurisé et progressif.
- Coût de l’énergie pour l’industrie : maintenir Civitavecchia et Brindisi augmenterait la production de 30 TWh à moindre coût, décrochant des prix compétitifs (60–70 €/MWh) pour les entreprises consommatrices.
Ce plaidoyer économique et pragmatique vise à sécuriser l’approvisionnement industriel et à éviter des pics de prix qui pénaliseraient la compétitivité nationale.
Tensions à Brindisi et réaction des acteurs locaux
La proposition de Calenda et de ses alliés a provoqué un véritable tollé en Puglia, en particulier à Brindisi, où la centrale de Cerano emploie plusieurs centaines de salariés. Le Parti démocrate local dénonce « un coup bas » contre la décarbonisation, tandis que le mouvement écologiste exige le maintien du calendrier initial. Pour eux, tout report constitue un recul inacceptable face à l’urgence climatique et aux engagements européens.
À l’inverse, Mauro D’Attis (Forza Italia) justifie sa signature en évoquant la nécessité d’« assurer la sécurité énergétique » et de « préserver l’emploi industriel » pendant la période transitoire jusqu’à l’entrée en service effective du nucléaire et des interconnexions renforcées avec l’Europe.
Position du gouvernement et des ministres
Au sein de l’exécutif, les voix sont divergentes :
- Gilberto Pichetto Fratin (Écologie et Énergie) a évoqué la possibilité de maintenir les centrales à charbon « en stand-by » pour garantir la résilience du réseau, tout en respectant l’objectif global de fermeture.
- Matteo Salvini (Transport) s’est publiquement opposé à une extinction anticipée, arguant que « fermer les quatre dernières centrales sans solution de rechange accroîtrait la précarité énergétique ».
- Claudio Descalzi (directeur général d’Eni) a souligné la complémentarité entre charbons à forte rentabilité et développement des énergies renouvelables, prônant une approche pragmatique.
Les enjeux économiques et climatiques
Prolonger la vie des centrales à charbon aurait plusieurs conséquences :
- Économiques : maintien de coûts de production réduits à court terme, mais possibles pénalités européennes pour retards dans la réduction des émissions de CO₂.
- Environnementales : augmentation cumulée des émissions locales et retard dans la neutralité carbone prévue pour 2050.
- Sociales : sécurisation des emplois dans les bassins miniers et industriels de Civitavecchia, Brindisi et de la Sardaigne.
- Stratégiques : renégociations des tarifs C02 et dépendance prolongée aux marchés internationaux du charbon.
Vers un arbitrage final
Le Parlement doit encore voter définitivement l’ODG. Si l’on se réfère aux rapports internes et aux pressions des lobbies énergétiques, le gouvernement favorisera probablement le report. Toutefois, l’opposition parlementaire, les ONG et plusieurs régions croisent le fer pour préserver l’ambition initiale de sortie au plus tôt. Quoi qu’il en soit, cette bataille politique dévoile les tensions profondes entre impératifs climatiques, défis industriels et responsabilités territoriales qui structurent la politique énergétique italienne.