Un transfert délicat sous haute tension
Ce dimanche soir, aux environs de 19h00 (heure italienne), des véhicules de la Croix-Rouge sont parvenus à récupérer trois dépouilles d’otages détenus depuis octobre 2023 par le Hamas dans les tunnels du sud de la bande de Gaza. Cette opération, inédite par son ampleur, s’est déroulée le long de la « ligne jaune » fixée par l’accord de cessez-le-feu, près de Khan Younis. Pour la première fois, des miliciens du Hamas ont été autorisés à entrer dans la zone sous contrôle de l’armée israélienne (IDF), escortés par la Croix-Rouge, afin de remettre leurs otages décédés.
Les conditions de l’accord et le retrait du Hamas
L’opération a été rendue possible grâce à l’acceptation par le Hamas de se retirer des secteurs concernés, conformément à l’entente négociée par les médiateurs internationaux. Cette trêve partielle avait été négociée pour permettre un échange humanitaire sans violence, mais elle demeure extrêmement fragile : tout incident pourrait relancer les hostilités entre factions rivales.
- Hamas : retrait volontaire des zones sous contrôle IDF.
- Croix-Rouge : rôle d’intermédiaire et de garant de la sécurité des équipes sur le terrain.
- IDF : supervision de la remise des corps et inspection des cercueils avant cérémonie officielle.
Identification et cérémonie officielle
Selon des sources de l’émissaire panarabe Al Arabiya—reprises par l’armée israélienne—l’un des corps serait celui du colonel Assaf Hamami, commandant de la Brigade sud de la division de Gaza, tombé à Kibbutz Nirim le 7 octobre 2023. Les restes ont été transférés à l’institut médico-légal Abu Kabir de Tel Aviv pour identification scientifique.
Le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu a annoncé qu’une courte cérémonie présidée par un rabbin militaire se tiendrait à l’arrivée des cercueils. Drapés du drapeau israélien, ils symboliseront le respect dû aux soldats tombés, mais aussi l’attente des familles et d’une sortie de crise.
Une manœuvre stratégique ?
Des médias israéliens suggèrent que la récupération des corps aurait été planifiée pour servir de monnaie d’échange face à la demande du Hamas de safe passage pour ses combattants toujours retranchés dans les tunnels de Rafah. Selon Al Jazeera, le mouvement islamiste exige qu’une dizaine de miliciens puissent émerger les mains levées, escortés par la Croix-Rouge, en échange de la libération des captifs encore vivants. Offer déjà mise sur la table des négociations par les États-Unis, mais refusée pour l’heure par Tel Aviv.
Menace sur le front nord et contexte régional
Parallèlement, le gouvernement israélien a rappelé son « droit à la légitime défense » face aux activités de Hezbollah au Liban. Selon l’IDF, des frappes récentes visent à empêcher le redéploiement de cette milice chiite sur la frontière, malgré une trêve relative. Ces menaces illustrent que la brouille entre Israël et ses voisins ne se limite pas à Gaza, et que toute avancée diplomatique dans le sud pourrait être compromise par un conflit ouvert au nord.
L’impact de la vidéosurveillance et des droits de l’homme
En marge de ces opérations, le Premier ministre Netanyahu a dénoncé la diffusion d’une vidéo révélant des abus dans la prison militaire de Sde Teiman. Il estime que ces images ont porté « le coup d’image le plus grave qu’Israël ait subi depuis sa naissance ». Cette controverse met en lumière la tension entre nécessité sécuritaire et exigence du respect des droits fondamentaux, soulevant des interrogations sur la transparence des forces armées et la crédibilité morale de l’État.
Les enjeux humanitaires et politiques
Le transfert des trois corps par la Croix-Rouge représente un tournant humanitaire, mais aussi un test pour la viabilité d’un cessez-le-feu durable. Plusieurs questions restent en suspens :
- Accord de retrait : le Hamas respectera-t-il la zone de sécurité à long terme ?
- Négociation sur les autres otages : la libération des survivants est-elle conditionnée à un échange de combattants ?
- Pression internationale : comment la communauté mondiale sanctionnera-t-elle tout retour aux armes ?
Cette initiative audacieuse par la Croix-Rouge et les médiateurs est louable pour sa dimension humanitaire. Cependant, elle s’inscrit dans un contexte politico-militaire complexe, où chaque geste peut relancer la dynamique du conflit. Les prochaines heures décisives détermineront si cette étape marque un début de désescalade ou annonce une nouvelle phase de tensions.
